Choix délicats

Avec cette déflagration qu’est l’agression russe en Ukraine et le cortège de réfugiés, de souffrances et de deuils induits, il est indispensable que les entreprises comme les états choisissent clairement leur camp. Pour les entreprises c’est une nécessité morale mais aussi marketing pour préserver leur image de marque ou leur chiffre d’affaires en cas de boycott.

C’est facile à dire mais dans les faits, la réalité est plus complexe, l’industrie aérospatiale, par exemple, a besoin du titane de la Russie ou de ses satellites et cela inclut même certains carburants fusée. Se priver des Soyouz pour la station internationale ou les lancements des satellites du réseau Galileo pose un problème. Les énormes difficultés posés par la dépendance au gaz sont connus et pourtant étaient largement prévisibles.

Nombreuses sont nos PMI qui travaillaient avec les Russes dans le secteur automobile indirectement mais aussi dans d’autres secteurs à commencer par des éditeurs de logiciels. Leurs correspondants les supplient de ne pas les laisser tomber, que répondre ? arrêter toutes relations ne fera sans doute pas tomber les murs du Kremlin mais face à l’inacceptable, il faut réagir.

La galaxie Mulliez avec ses Leroy Merlin, Decathlon et autres Auchan se retranche derrière ses responsabilités en tant qu’employeur pour ne pas se retirer. C’est noble, même si personne n’est dupe : ces entreprises se sont installées en Russie alors que le pays était déjà une dictature brutale avec des incertitudes économiques majeures. Mettre au moins le personnel en chômage partiel et les entrepôts en veille serait un minimum. Les Chinois vont récupérer les emplacements et s’installer ? ce sera un circuit court, bon pour le climat, vu que beaucoup de produits vendus venaient déjà de Chine…au consommateurs européens de décider au final.

Le hold up sur les avions en location à 10 milliards de dollars en cours servira sans doute de leçon à des investisseurs hardis : en France, nous avons l’habitude, la Russie a déjà ruiné trois fois nos épargnants pour des montants colossaux.

Quand on veut souper avec le diable, il faut apporter une très longue cuiller pour ne pas se faire agripper…