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Relocalisation : un effet levier de l’Industrie 4.0 ?

Tant que le chômage restait « sous contrôle », les délocalisations compétitives étaient moins sujettes à polémique. Mais face à la situation sanitaire, économique et politique mondiale, les choses vont très certainement évoluer, comme l'explique le groupe Scalian dans cette tribune.
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Soyons clair, le but d’une entreprise est de gagner de l’argent. L’un des intérêts d’une délocalisation se trouve dans la logique d’une maximisation de gains tout en diminuant les coûts. Il est possible d’y arriver de plusieurs façons, à commencer par l’industrie 4.0. Penchons-nous un instant sur les causes des délocalisations compétitives :

  • Les coûts salariaux et fiscaux : dans cette mondialisation effrénée, la « concurrence » est déloyale. Le droit du travail et la fiscalité connaissent de grandes distorsions en fonction des pays et alimentent les délocalisations.
  • Le prix de l’énergie fossile : des faibles coûts de transports sont généralement corrélés à des coûts salariaux bas. C’est mathématique : cela fonctionne tant que les économies d’échelle et de main-d’œuvre dépassent les coûts de transport.
  • La masse production : jusqu’à très récemment, nous vivions dans un marché de masse et de grande consommation. Le mode de consommation incitait à produire sans « réfléchir ».

Délocalisation & relocalisation

Relocaliser veut dire réimplanter des usines sur nos territoires, au sens premier cela correspond au retour dans le pays d’origine d’unités de production, d’assemblage ou de montage. Les relocalisations de retour épousent généralement une logique d’échec de la délocalisation due à différentes raisons : sous-estimation du coût, modifications de l’environnement politique ou économique des affaires, turnover excessif, problèmes de qualité, retards, etc… L’intention première est donc amenée à être réévaluée si l’entreprise veut survivre.

Dans le contexte mondial actuel, une relocalisation d’industries liées aux ressources naturelles (comme l’extraction minière par exemple) et/ou considéré comme « trop polluante » ne seront certainement pas acceptées dans tous les pays (notamment européens). Il en est de même pour un grand nombre de produits manufacturés (le textile par exemple : leur rapatriement a peu de chances de voir le jour. Quoique cette crise nous montre que nous pouvons dans certains cas nous ajuster … mais pas dans la durée ! Il suffit de voir l’épisode des masques ou des respirateurs.

Par contre, en élargissant la définition, si on comprend la relocalisation comme le rapatriement d’unités d’assemblage à proximité des marchés (pas nécessairement dans le pays d’origine) ou comme le ralentissement du mouvement de délocalisation, la perceptive n’est plus la même. Attention, il ne s’agit pas ici de copier le modèle allemand, qui misait sur le « Made in Germany » mais dans une logique d’exportation massive. L’idée est de rapprocher les outils de production au plus près du consommateur final et de favoriser des échanges courts.

Un retour de la production grâce l’Industrie 4.0

Les nouvelles exigences des demandes marché, le raccourcissement du cycle de vie des produits, la multiplication des variétés et les variations saisonnières nécessitent une réactivité accrue. La capacité de répondre rapidement aux évolutions du marché peut être difficile à concilier avec une fabrication géographiquement éloignée. Dans ce nouveau paradigme, la souplesse et la réactivité des industriels souffrent d’une hausse du prix du transport mais aussi des « délais » de livraison induit par les déplacements (maritimes, routiers etc…). Les crises autour du prix du baril sont là pour nous le rappeler.

Par ailleurs, l’innovation, l’automatisation et la qualité sont autant de facteurs qui peuvent jouer en faveur d’une « amélioration » de la compétitivité des usines dans lesquelles la part du coût salarial dans le prix de production devient plus limitée. C’est un des effets levier Industrie 4.0, alors que les délocalisations massives étaient encouragées par la présence d’une main-d’œuvre toujours moins coûteuse, celles-ci n’ont plus lieu d’être avec des usines toujours plus automatisées. Le savoir-faire d’opérateurs qualifiés in situ est revalorisé et de plus en plus recherché.

Enfin, les consommateurs sont de plus en plus regardant sur les produits qu’ils achètent, la façon dont ceux-ci sont produits, l’impact de l’appareil productif sur l’environnement… ils souhaitent consommer tout en étant informés. Les logiques comptables, produire au plus bas coût, sont donc remises en question par les consommateurs au regard des efforts des industriels en termes de responsabilités sociétales et environnementales. Tout ceci rebat les cartes de la délocalisation compétitive.

Il est possible d’agir collectivement (individus, entreprises, territoires, Etat, Europe) pour lutter en faveur de cette relocalisation. De nombreux leviers financiers et politiques sont mis en œuvre au travers de différents plans de soutien à l’économie au niveau national et européen. Pourquoi ne pas aller plus loin et transformer profondément nos industries et les rendre encore plus attrayantes et compétitives ? L’Industrie 4.0 est un concept de transformation, pourquoi ne pas inclure l’économie circulaire dans le cycle de production ?  Cela permettrait de créer de nouveaux emplois et d’avoir une nouvelle utilisation de nos moyens en ingénierie et production, comme l’envisage notamment Renault dans une de ses usines à Flins.

Scalian – acteur français du conseil en management et technologies numériques.

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