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Comment Eiffage Infrastructures muscle la prévention des TMS dans le mains ?

Les TMS, mal du siècle en entreprise ? En progression constante, les troubles musculo-squelettiques se sont hissés au premier rang des maladies professionnelles. C’est le cas de la France, mais aussi de l’Italie et de l’Espagne. Selon l’assurance maladie, en 2015, les TMS ont représenté plus de 87 % des maladies professionnelles ayant entraîné un arrêt de travail ou une réparation financière en raison de séquelles.
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Souffrance et baisse de performance

Les conséquences de ces pathologies professionnelles sont multiples : au niveau individuel, elles se traduisent par des souffrances, des incapacités fonctionnelles et peuvent compromettre le maintien dans l’emploi ; au niveau de l’entreprise, elles nuisent à la performance et engendrent un coût souvent élevé. En 2016, selon une étude de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, l’ensemble des troubles musculo-squelettiques et du tissu conjonctif ont représenté en Allemagne une perte de production de 17,2 milliards d’euros et une perte de productivité de 30,4 milliards d’euros. Soit respectivement 0,5% et 1,0% du PIB allemand.

La prévention des TMS, un enjeu national

Les entreprises prennent conscience de la nécessité de renforcer la prévention des TMS, notamment de la main, pour améliorer le bien-être de leurs salariés, comme pour soigner leur attractivité sur le marché de l’emploi. Elles peuvent s’inspirer de la politique de prévention de la branche Infrastructures du Groupe Eiffage, qui s’est distinguée en développant un gant robotique dès 2017 avec Bioservo, une entreprise de biotechnologie suédoise.

La main, premier outil de l’homme

Comme le rappelle Erick Lemonnier, Directeur Prévention d’Eiffage Infrastructures, « La première partie du corps sollicitée dans les travaux manuels, c’est la main. Pour l’ensemble de nos opérateurs, la main est absolument indispensable pour accomplir leurs tâches quotidiennes ». Or 40% des troubles musculo-squelettiques touchent la main et le poignet. Dès le début des années 2010, Eiffage Infrastructures anticipe cet enjeu de santé déjà majeur à l’époque et se penche sur la prévention des TMS. Un plan Santé au Travail est lancé dès 2011. Il fédère plusieurs projets d’action et de recherche avec en ligne de mire les possibles apports de la technologie dans le domaine de la prévention des risques professionnels. En pleine émergence à cette époque, les exosquelettes lourds déployés dans l’industrie sont rapidement écartés : trop encombrants, énergivores, pas assez maniables et lents. Ils s’avèrent inadaptés aux métiers et aux contraintes du BTP.

Le handicap à la rescousse des personnes valides

Une autre voie aboutit aux prothèses médicales. Les équipes d’Eiffage Infrastructures rencontrent les experts de Bioservo Technologies qui développent une orthèse pour les personnes ayant perdu la motricité de leur main. « Pour une fois, une innovation technologique conçue pour pallier le handicap physique va bénéficier aux personnes valides » se réjouit Erick Lemonnier. « Bioservo disposait d’un gant à usage curatif pour remédier à un handicap de la main. Nous recherchions un équipement à usage préventif, adaptés à nos contraintes métier, pour éviter la survenue des TMS, réduire si ce n’est supprimer les événements accidentels et surtout apporter du confort à nos opérateurs ».

Avec ce cahier des charges, Bioservo Technologies développe Ironhand®, le premier gant bionique imaginé pour assister les opérateurs de la construction. Des compagnons volontaires testent les premières itérations du gant robotique en situation réelle sur les chantiers d’Eiffage Infrastructures. Les premiers retours sont enthousiastes.

Une réduction importante du risque

« La plupart des gens imaginent à l’intérieur du gant une architecture métallique pour aider l’utilisateur, alors qu’il s’agit d’un gant entièrement flexible doté de tendons artificiels actionnés par une unité motrice située dans un petit sac à dos » explique Erick Lemonnier.

En effet, ce gant souple et léger, seulement 20 grammes sur la balance, fournit à son utilisateur une assistance motorisée lui permettant de réduire ou de compenser les contraintes physiques liées aux manipulations. Des capteurs au bout des doigts et dans la paume enregistrent en temps réel la pression exercée par l’utilisateur. Ces données sont transmises aux servomoteurs qui vont développer une force en se substituant à l’effort qu’aurait dû fournir l’opérateur. « Cet équipement n’entrave ni les gestes, ni les déplacements du porteur. Nos opérateurs peuvent continuer à réaliser leurs tâches, sans aucune gêne, mais avec une amplification de la force de leur main jusqu’à 80 newtons » poursuit Erick Lemonnier.

Selon le type et la fréquence de la manipulation d’outils ou d’objets, les équipes d’Eiffage Infrastructures ont mesuré de 25% à 86% de réduction du risque sur une journée de travail. « Quant à la satisfaction des utilisateurs, elle se mesure à la taille XL de leur sourire en fin de journée » s’amuse Erick Lemonnier.

Un progrès ouvert à tous…

Le gant Ironhand® peut profiter à tous les métiers et à toutes les activités. L’ambition de ses concepteurs est qu’il permette à l’ensemble du secteur de la construction d’améliorer les conditions de travail des compagnons sur les chantiers et de prévenir les risques de troubles musculo-squelettiques de la main. Erick Lemonnier précise : « Nous ne voulions pas que cette innovation soit réservée à quelques grandes entreprises de la construction. Cet équipement a un double usage curatif et préventif. Il peut être utilisé en curatif pour des personnes déjà en situation de handicap, à la suite d’un événement professionnel ou de la vie privée et favoriser ainsi l’intégration ou le retour à l’emploi de personnes en situation de handicap. En préventif, il permet d’éviter que des personnes subissent des situations de handicap ou de réduction de leurs capacités motrices dans dix, vingt ou trente ans à la suite d’un exercice professionnel répétitif et sollicitant. Enfin, n’oublions pas les possibilités de maintien dans l’emploi des seniors et une contribution positive à la féminisation de notre profession ». Et il ajoute « L’intérêt du gant Ironhand®, c’est d’offrir un nouveau regard sur les métiers manuels du monde de la construction. Nos opérateurs s’aperçoivent qu’ils peuvent utiliser une technologie de pointe avec pour seul objectif leur confort et leur bien-être ».

… à l’achat comme à la location

Depuis juin 2019, le gant Ironhand® est commercialisé par la société Gobio – Europe Technologies, leader de la distribution d’exosquelettes en France. Un achat qui n’est toutefois pas à la portée de toutes les entreprises. Erick Lemonnier rappelle l’ambition d’Eiffage dès la phase de conception du gant bionique : « Comment mettre cet équipement à la disposition de l’ensemble des françaises et des français ? Pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille et quel que soit leur métier, y compris les artisans ? ». La filière de la distribution à la location semblait la plus appropriée, avec une inconnue de taille, l’existence d’un marché locatif pour les gants robotisés. Loxam, leader de la location de matériels professionnels, relève le défi. A l’été 2019, Bioservo Technologies signe un accord exclusif en France avec Loxam pour la location de son gant Ironhand®. Ce programme de location est lancé dans un premier temps pour Eiffage Infrastructures et est maintenant accessible à l’échelle nationale pour les sociétés de tous secteurs d’activité.

Quel aspect du projet a bâti sa réussite ?

L’aspect humain. En matière de prévention et de santé au travail, l’ambition de l’entreprise est forte et elle est portée par l’interne. Le développement du gant Ironhand® en est la preuve. Plusieurs équipes ont participé à cette démarche novatrice pendant près de deux ans. Que cette innovation soit désormais accessible au plus grand nombre – PME, artisans, grands groupes comme Eiffage – c’est une grande fierté pour plus d’une centaine de collaborateurs qui ont contribué à l’aboutissement de ce projet.

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